Le Nigeria peut mieux formaliser l’exploitation minière artisanale grâce aux Etats (rapport)

Le Nigeria peut mieux formaliser l’exploitation minière artisanale grâce aux Etats (rapport)

L’exploitation minière artisanale et à petite échelle représente plus de 70 % de l’activité minière au Nigeria et assure des revenus à des millions de personnes, selon le PNUD. Son caractère largement informel entraîne cependant des pertes fiscales pour le gouvernement fédéral et les États fédérés.

Le Nigeria peine à formaliser son secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (ASM). Dans un rapport publié en février 2025, le Nigeria Economic Summit Group (NESG) recommande une répartition plus efficace des responsabilités entre l’État fédéral et les États fédérés afin d’instaurer un cadre plus structuré et transparent pour cette activité.

La gouvernance du secteur minier repose aujourd’hui exclusivement entre les mains du gouvernement fédéral, avec un rôle limité des États dans l’octroi de licences et le contrôle des exploitations. Le NESG propose une réforme visant à accorder aux gouvernements des États la pleine responsabilité de l’octroi des licences pour l’exploitation artisanale. L’objectif est non seulement d’offrir aux mineurs artisanaux un accès plus aisé à des licences, mais aussi de renforcer le contrôle sur les flux de production et mieux encadrer le commerce des minéraux.

L’option d’un « fédéralisme mixte » pour la gestion des ressources minérales figure déjà dans un rapport publié en août 2024 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Intitulé « Transforming Nigeria’s Artisanal and Small-Scale Mining Sector for Resource Mobilization and Sustainable Development », le document propose l’Ethiopie comme une source d’inspiration pour le Nigeria. Egalement un Etat fédéral, l’Ethiopie a en effet instauré un cadre permettant aux autorités régionales de gérer directement les licences minières.

Cette stratégie repose sur un processus d’octroi simplifié qui inclut l’approbation des communautés locales, une répartition équitable des revenus entre le gouvernement central et les régions, ainsi qu’un accompagnement technique destiné aux mineurs. En leur fournissant des formations, du matériel et un accès facilité aux marchés officiels via des centres d’achat de minerais, l’Éthiopie a réussi à réduire la contrebande et à garantir une meilleure traçabilité des ressources.

« En Éthiopie, la formalisation de plus de 100 000 mineurs en coopératives et l’organisation de 50 000 mineurs en micro et petites exploitations ont conduit à une augmentation substantielle de la production d’or, les achats de la Banque nationale d’Éthiopie passant de 735 kg en 2009 à 8386 kg en 2013 », indique le rapport.

La structure actuelle de fédéralisme des ressources, qui accorde une propriété et un contrôle exclusifs des minéraux au gouvernement fédéral, n’est cependant pas le seul obstacle à la formalisation de l’ASM au Nigeria. Malgré les dispositions constitutionnelles, les gouvernements des États sont de plus en plus actifs dans la régulation du secteur minier, ce qui n’a toujours pas permis de mettre fin à l’exploitation minière illégale.

L’absence de centres d’achat agréés pour les minerais et la méfiance des mineurs envers les circuits de commercialisation officiels restent par exemple des défis majeurs, tout comme la faiblesse de l’accompagnement technique et financier des mineurs par les autorités.

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