Le Ghana mise sur des plantations industrielles pour relancer sa filière cacao

Le Ghana mise sur des plantations industrielles pour relancer sa filière cacao

Au Ghana, la production de cacao évolue en dents de scie depuis plusieurs années. Face à l’expansion de l’orpaillage illégal, le vieillissement des arbres et des maladies virales, le gouvernement dévoile une nouvelle initiative pour relancer et assurer la pérennité d’une filière en perte de vitesse.

Le gouvernement prévoit d’acquérir 200 000 hectares de terres agricoles au profit du Conseil du cacao (Cocobod). L’information a été révélée le 16 mai dernier par Cassiel Ato Forson, ministre des Finances, au cours de la cérémonie d’inauguration du nouveau conseil d’administration du régulateur de la filière cacao.

D’après le responsable, l’acquisition de nouvelles superficies cultivables permettrait au Cocobod d’établir de nouvelles plantations industrielles de cacaoyers pour stimuler « considérablement » le niveau de production actuel. « Cette initiative viendra compléter les activités des petits exploitants existants et garantir une croissance durable du secteur », a déclaré M. Forson.

Si des détails supplémentaires concernant la mise en œuvre de ce nouveau projet n’ont pas encore été révélés, son annonce est un signal encourageant pour la filière qui est confrontée depuis plusieurs années à des défis structurels qui ont freiné sa production. Selon le Cocobod, environ 500 000 hectares de vergers de cacaoyers ne sont pas productifs au Ghana en raison de l’effet combiné de l’expansion de l’orpaillage illégal, localement appelé « galamsey », du vieillissement de certains cacaoyers et de la prolifération de la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot).

Dans ce contexte, l’ajout de 200 000 hectares de plantations industrielles de cacaoyers devrait permettre de compenser en partie la baisse de productivité liée à la réduction de la superficie du verger national exploitable qui s’est traduite par un déclin des volumes de récolte sur les dernières années. Les données compilées par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) indiquent que la production de cacao au Ghana a chuté de 31 %, passant de 771 000 tonnes en 2019/2020 à 530 000 tonnes en 2023/2024.

Il convient de noter que les retombées positives attendues des nouvelles plantations industrielles annoncées ne seront pas immédiates. En effet, un cacaoyer met généralement entre 3 et 5 ans avant de produire ses premières cabosses commercialisables, avec des rendements significatifs qui n’apparaissent qu’à partir de la 6e ou 7e année.

L’objectif du million de tonnes toujours dans le viseur

Lors de son intervention le 16 mai, le ministre ghanéen des Finances a rappelé l’ambition du gouvernement de porter la production locale de cacao à 1 million de tonnes pour renouer avec sa gloire passée. Selon les données compilées par le Département américain de l’Agriculture (Usda), la filière ghanéenne n’a franchi ce cap symbolique que deux fois au cours des quinze dernières années, notamment durant les campagnes de 2010/2011 et celles de 2020/2021.

Evolution de la production de cacao au Ghana depuis 2009 /2010

L’expansion du verger national pourrait nourrir l’espoir de réaliser à nouveau de pareils exploits, si dans la filière les mesures adéquates sont mises en œuvre pour limiter l’impact des défis structurels susmentionnés.

Par ailleurs, la réalisation d’un tel objectif permettrait au Ghana de réduire l’écart avec la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et de renforcer son poids dans l’industrie mondiale. À la différence du Ghana, dont la production de cacao connaît des fluctuations depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire a maintenu une moyenne stable de 2,1 millions de tonnes entre 2019/2020 et 2022/2023, selon l’Icco.

 

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