
Le financement américain au projet Mozambique LNG fragilisé par un vice de procédure
Le feu vert de l’US Exim Bank à un appui pour Mozambique LNG marque un tournant majeur dans la position américaine sur le gaz africain. Mais cette relance arrive dans un climat de critiques internes, de poursuites judiciaires, et d’accusations de violations des droits humains.
L’autorisation donnée en mars dernier, par l’US Exim Bank à un prêt de 4,7 milliards de dollars pour Mozambique LNG est cruciale pour relancer les travaux de ce projet porté par TotalEnergies, suspendu depuis 2021 à la suite d’attaques djihadistes dans la province de Cabo Delgado. Pourtant, cette décision est désormais contestée en justice, sur fond de vices de procédure qui pourraient compromettre l’appui américain à ce projet transformateur pour l’économie mozambicaine.
Deux ONG, Friends of the Earth et Justiça Ambiental, ont, le lundi 14 juillet, saisi un tribunal fédéral aux États-Unis pour faire annuler l’approbation du financement. Selon elles, l’US Exim Bank a violé plusieurs règles fondamentales de gouvernance en réactivant son soutien sans respecter les obligations légales prévues par sa charte et la loi de 1945. Elles pointent l’absence d’évaluations environnementales et sociales adéquates, un manque de transparence, ainsi que l’absence de consultation du Congrès et du public. Mais surtout, elles affirment que la décision a été prise par une direction intérimaire, nommée par Donald Trump, sans le quorum requis de trois administrateurs validés par le Sénat. Un manquement qui, s’il était confirmé, pourrait invalider juridiquement l’approbation du financement.
Un vice de procédure qui menace la relance du projet
Ce vice de procédure n’est pas anecdotique. TotalEnergies conditionne en effet la levée de la force majeure à la confirmation des financements internationaux, et le soutien américain constitue un signal déterminant, censé rassurer les autres bailleurs encore hésitants.
Les plaignants soulignent aussi que la situation sécuritaire sur le terrain reste instable. Ils rappellent que les propres employés de l’US Exim Bank ne peuvent toujours pas se rendre sur place, et que des accusations de violations des droits humains visent les forces de sécurité mozambicaines dans la zone. Une enquête judiciaire est d’ailleurs en cours en France sur la gestion par TotalEnergies de l’évacuation du personnel lors des événements de 2021.
Dans le même temps, la relance du projet suscite des critiques politiques internes aux États-Unis. Plusieurs figures du camp républicain, pourtant proches de Donald Trump, dénoncent le fait que des fonds publics soient dirigés vers un projet gazier étranger dans un environnement jugé à haut risque, alors que des initiatives nationales comme Alaska LNG peinent à obtenir des soutiens comparables. Ces opposants estiment que le soutien à Mozambique LNG va à l’encontre de la priorité donnée à la souveraineté énergétique américaine, et qu’il crée une concurrence directe pour les exportations de gaz américain sur les marchés mondiaux.
Si les irrégularités procédurales sont confirmées, c’est la légitimité même du financement américain qui serait remise en cause, avec des conséquences potentielles sur la relance du projet, censé générer 12,88 millions de tonnes de GNL par an.