BILAN 2018-2025 – Exportations et intégration régionale : le commerce extérieur reprend son souffle

BILAN 2018-2025 – Exportations et intégration régionale : le commerce extérieur reprend son souffle

Le Cameroun, carrefour économique de l’Afrique centrale, a poursuivi entre 2018 et 2025 une stratégie claire : moderniser ses infrastructures, densifier ses réseaux régionaux et diversifier ses ventes à l’export. Dans le même temps, son déficit commercial – longtemps supérieur à 5 % du PIB – s’est progressivement contracté pour se stabiliser autour de 4 % en 2023-2024, ouvrant la voie à une trajectoire plus équilibrée. L’appartenance à la CEMAC et l’entrée en phase expérimentale de la ZLECAf ont servi de catalyseurs. Au fil des années, elles ont accompagné la mise en service d’équipements portuaires, routiers et logistiques destinés à absorber la croissance des flux.

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Cacao : les rendements progressent en moyenne de 6 % par an depuis 2018.

Le port en eau profonde de Kribi, entré en service en mars 2018, constitue l’épine dorsale de cette dynamique. En 2024, son trafic conteneurs a atteint 1,2 million EVP, plaçant le terminal parmi les plus actifs du golfe de Guinée et offrant aux pays enclavés du bassin centre-africain un accès maritime direct. Les exportations traditionnelles ont suivi des trajectoires contrastées.

  • Bananes : après un pic de 190 000 t en 2022, les expéditions se sont tassées de 2 % en glissement annuel pour s’établir à 16 830 t en avril 2025. Les quatre plantations actives (PHP, Boh Plantations, Compagnie des Bananes de Mondoni et Mbô Farms) maintiennent néanmoins l’essentiel de leurs volumes à destination de l’Union européenne.
  • Cacao : la campagne 2025-2026 s’ouvre sur des perspectives favorables. Les rendements progressent (+6 %/an depuis 2018) et l’usine Atlantic Cocoa – opérationnelle depuis 2022 dans la zone de Kribi – transforme désormais 50 000 t de fèves en pâte et beurre, générant une valeur ajoutée supérieure de 25 % aux fèves brutes.
  • Bois : les exportations de grumes poursuivent leur recul mécanique après le relèvement de la taxe sortie à 75 % en 2024. L’objectif est clair : interdire les grumes à l’export en 2028 et concentrer l’activité locale sur les panneaux, lambris et meubles.

L’intégration régionale s’est renforcée par des infrastructures transfrontalières. La Banque africaine de développement, dont le portefeuille camerounais accorde 58,6 % au transport et 21,2 % à l’énergie, finance les routes Yaoundé-Bangui, Kribi-Mbounda (vers le Congo) et Ekok-Mamfe-Ikom (vers le Nigeria). Ces corridors réduisent les temps de transit et abaissent les coûts logistiques de 15 % en moyenne.

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Les exportations de grumes diminuent au bénéfice d’une industrie de transformation du bois en émergence.

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) éclaircit l’horizon. Selon Jean-Luc Mastaki, Directeur du Bureau Afrique centrale de la CEA, la demande urbaine en produits alimentaires atteindra 150 milliards USD d’ici 2030 dans la région. Pour y répondre, les « agropoles » lancés par l’État combinent plateformes logistiques, fiscalité incitative et technologies durables, avec pour premier site celui de Nanga-Eboko (1 500 ha).

La demande urbaine en produits alimentaires atteindra 150 milliards USD d’ici 2030 dans la région. Pour y répondre, les « agropoles » lancés par l’État combinent plateformes logistiques, fiscalité incitative et technologies durables.

L’indice composite des cours des produits de base (ICCPB) de la CEMAC a oscillé de -12 % à +8 % entre 2022 et 2024, rappelant la nécessité de poursuivre la diversification. Dans cette optique, cinquante entreprises camerounaises ont été accompagnées en 2024 pour participer à des foires internationales (SIAL Paris, Intra-African Trade Fair, Medpi), générant plus de 30 millions USD de lettres d’intention.

En somme, la période 2018-2025 laisse entrevoir un commerce extérieur camerounais en transition : déficit structurel en réduction, infrastructures modernisées, part de cacao transformé en hausse, et accès continental élargi. Les bases d’une économie plus ouverte et mieux équilibrée sont en place.

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