Déforestation : un rapport pointe du doigt le décalage entre les engagements et la réalité

Déforestation : un rapport pointe du doigt le décalage entre les engagements et la réalité

Depuis deux décennies, les alertes sur la disparition rapide des forêts mondiales se multiplient. Si l’urgence de faire face à cette situation est reconnue, sur le terrain, les actions patinent.

Près de onze ans après la Déclaration de New York sur les forêts, qui engageait plusieurs gouvernements à éradiquer la déforestation d’ici 2030, ce fléau reste plus que jamais d’actualité.

Selon le dernier rapport d’évaluation de ces engagements, publié le mardi 14 octobre par une coalition d’ONG, de groupes de réflexion et d’organismes de recherche sous la direction de la société néerlandaise de conseil Climate Focus, 8,1 millions d’hectares de forêts ont été perdus en 2024, soit plus du triple de la superficie du Rwanda.

Il s’agit selon les auteurs du deuxième niveau le plus élevé sur la dernière décennie après le triste record de 2016 (9,44 millions d’hectares) et d’un nouveau signe de la lenteur des progrès. Cette perte est ainsi largement supérieure à l’objectif de limitation fixé pour l’année dernière à un maximum de 3,1 millions d’hectares.

Dans les détails, les forêts primaires tropicales sont les plus touchées par la déforestation avec 6,7 millions d’hectares et à l’échelle planétaire, 8,8 millions d’hectares de forêts tropicales humides ont été dégradés durant l’année écoulée.

Parmi les principales causes de l’expansion de ce phénomène, l’agriculture reste pointée du doigt étant à l’origine de 86 % de la déforestation en moyenne sur la dernière décennie même si le rapport estime que « d’autres facteurs tels que l’exploitation minière exercent une pression croissante ».

Du point de vue du financement, les auteurs indiquent aussi que les Etats qui ont renouvelé en 2021 les objectifs de New York par le biais de la « Déclaration de Glasgow » en marge de la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26) sont à la traîne.

Alors que le financement public international pour les forêts a atteint 5,7 milliards $ en 2022-2024, contre 1,7 milliard $ en 2018-2020, le rapport constate que cette enveloppe ne représente néanmoins que 1,4 % des 409 milliards $ consacrés chaque année à des subventions agricoles nuisibles pour l’environnement.

Selon les estimations, entre 117 et 299 milliards $ par an seraient nécessaires pour atteindre les objectifs forestiers fixés à l’horizon 2030. Si d’ici quelques semaines, la COP30 s’ouvrira au Brésil avec son lot d’espoirs sur de nouveaux engagements au profit de l’environnement, le rapport reste mesuré.

« L’année 2025 marque une confluence dangereuse : bien que cette décennie décisive se trouve à mi-chemin, les ambitions climatiques et environnementales semblent régresser dans de nombreux pays. La déforestation et la dégradation continue sont alimentées par des modèles de production extractifs, la surconsommation, la faiblesse de la gouvernance et les déséquilibres de pouvoir persistants », indiquent les auteurs.

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