
Au Nigeria, une taxe de 5% sur le pétrole ravive la contestation sociale
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Tinubu met en œuvre une série de réformes visant entre autres à améliorer la collecte des recettes fiscales pour financer le développement. Des mesures qui suscitent de vives contestations dans un pays où le taux d’inflation tourne autour de 22%.
Au Nigeria, le projet du gouvernement d’instaurer une taxe de 5 % sur les produits pétroliers suscite une vive polémique. Dans un communiqué publié le lundi 8 septembre 2025, le Trade Union Congress (TUC), l’une des deux principales centrales syndicales du pays, a menacé de déclencher une grève nationale si la mesure venait à entrer en vigueur.
Selon les autorités, cette taxe doit permettre de mobiliser des fonds pour financer les infrastructures, un secteur jugé crucial pour le développement du pays. Déjà prévue par la Nigeria Tax Administration Act, elle serait « calculée sur la base du prix de détail de l’essence et du diesel » et appliquée à « tous les produits fossiles taxables fournis ou produits au Nigeria, à percevoir au moment de la fourniture ou de la vente ». Le kérosène, le gaz de pétrole liquéfié (GPL), le gaz naturel comprimé (GNC) ainsi que les énergies renouvelables en seraient toutefois exemptés.
Si une telle taxe n’est pas une nouveauté dans le système fiscal nigérian, c’est surtout son calendrier qui soulève l’indignation des syndicats et de l’opposition. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Bola Tinubu a engagé des réformes économiques de grande ampleur, parmi lesquelles la suppression des subventions sur le carburant. Ajoutées à la volatilité du naira, ces mesures ont provoqué une flambée des prix des produits pétroliers et des denrées alimentaires. Certes, l’inflation annuelle a légèrement reculé au cours des quatre derniers mois, mais demeure l’une des plus élevées de la sous-région, à 21,8 % en juillet 2025.
« Quand les Nigérians pourront-ils enfin respirer ? […] Pourquoi taxer des citoyens qui n’arrivent même plus à respirer ? Cette taxe de 5 % sur le carburant devrait attendre que les Nigérians constatent des améliorations tangibles dans leur quotidien grâce aux nombreuses promesses du président », a dénoncé sur X Peter Obi, ancien candidat à la présidentielle et figure de l’opposition.
Si la date d’entrée en vigueur n’a pas encore été précisée, le TUC a donné au gouvernement un ultimatum de 14 jours pour abandonner ce projet. L’exécutif, lui, défend la mesure comme un instrument à long terme pour faire baisser le coût de la vie. Les fonds collectés doivent en effet financer de nouveaux projets d’infrastructures, sécuriser les corridors logistiques et, in fine, réduire les coûts de transport – des retombées censées se refléter sur le prix des denrées alimentaires. Une stratégie qui s’inscrit dans l’ambition du président de la République de renforcer la mobilisation fiscale pour soutenir le développement.