
Crise du diamant et économie : le Botswana en quête de solutions
Le Botswana génère un quart de son PIB et un tiers de ses recettes fiscales grâce à l’exploitation des diamants. Depuis plus de deux ans, cette industrie est frappée par une baisse de la demande et des prix des pierres précieuses, dont les conséquences sont de plus en plus visibles au Botswana.
Le gouvernement botswanais et De Beers ont annoncé mardi 10 juin le lancement de plusieurs programmes destinés aux « talents » nationaux. Ces initiatives, prévues dans le cadre du nouveau partenariat signé en février 2025 par les deux parties, interviennent alors que les ventes de la compagnie ont chuté de plus de 50 % en deux ans. Si Gaborone attend notamment de ces programmes une réduction du chômage des jeunes, les autorités doivent surtout composer avec une crise du diamant qui érode les recettes publiques et accroît les tensions sur le marché de l’emploi.
Les projets annoncés incluent des bourses universitaires, des stages internationaux et locaux au sein du groupe De Beers, ainsi que la création d’un institut de formation professionnelle dans le secteur du diamant. Alors que ces programmes devraient mieux former ces jeunes talents au monde de l’emploi, De Beers planche au même moment sur des suppressions massives d’emplois au Botswana.
Le mois dernier, le président botswanais Duma Boko a en effet déclaré que la coentreprise 50/50 entre le gouvernement et De Beers (Debswana) prévoit un licenciement imminent de 1000 travailleurs, soit près de 20 % de la main-d’œuvre du premier employeur privé du pays. En cause notamment, la baisse de la production décidée par De Beers face aux ventes plus faibles. La question est sensible, comme l’a souligné le syndicat national des mineurs, Botswana Mine Workers Union, dans un pays où le chômage dépassait les 27 % au premier trimestre 2024.
Mais le licenciement des employés de Debswana n’est pas, pour Gaborone, la seule conséquence de la crise sur le marché des diamants. Les ventes de diamants bruts du groupe De Beers sont tombées à 2,7 milliards $ en 2024, contre 6 milliards $ en 2022. Or, la compagnie produit la quasi-totalité des diamants du Botswana, qui représentent un tiers des recettes fiscales du pays et un quart de son PIB. Avec moins de recettes publiques, Gaborone doit arbitrer entre une baisse des dépenses et un déficit qui se creuse (et donc un endettement plus important).
« Le déficit budgétaire pour l’exercice 2024/2025 est estimé à 9,2 % du PIB, les dépenses ayant augmenté de 7,5 % du PIB au cours des deux dernières années et les recettes provenant des diamants ayant été décevantes (en baisse de 50,7 % en 2024/2025) », note ainsi la Banque mondiale.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit par ailleurs une deuxième contraction consécutive de l’économie botswanaise, avec un taux de croissance du PIB qui passerait de -3 % en 2024 à -0,4 % en 2025. Ces chiffres d’avril 2025 contredisent les prévisions initiales du gouvernement, qui tablait en février sur un taux de croissance de 3,3 % en 2025. À l’époque déjà, le ministre des Finances Ndaba Gaolathe reconnaissait l’importance des autres ressources minières dont regorge le Botswana.
Comme le rappelle le FMI, « l’absence de diversification économique éroderait le potentiel de croissance à long terme (en raison de l’épuisement des réserves de diamants, de la concurrence des diamants synthétiques et des effets du syndrome hollandais) et perpétuerait les inégalités et le chômage élevés ». Face à ce constat, le Botswana a accéléré ces dernières années les efforts de réduction de sa dépendance aux diamants, en misant sur le cuivre et l’uranium, mais aussi sur d’autres secteurs comme l’agro-industrie, le commerce intra-africain à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et l’innovation technologique.