Deuxième sommet africain du climat : comment passer des promesses aux engagements

Deuxième sommet africain du climat : comment passer des promesses aux engagements

Du 8 au 10 septembre 2025, 25 000 participants dont plusieurs chefs d’État et experts sont attendus à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour le deuxième sommet africain du climat. En prélude aux négociations de la COP 30 à venir, cette rencontre doit servir à faire converger les intérêts, mais pas que…

A Addis-Abeba, siège des grandes discussions africaines, les chefs d’État se retrouvent cette semaine pour le deuxième Africa Climate Summit (ACS2). L’enjeu est considérable. En 2023, la première édition avait suscité un certain enthousiasme : près de 26 milliards de dollars de promesses d’investissements climatiques avaient été annoncés d’ici 2030. Deux ans plus tard, il est encore difficile de mesurer ce qui a réellement été décaissé.

C’est pourtant sur ce premier sommet de Nairobi que l’ACS2 entend capitaliser. Placé sous le thème « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique », l’objectif est clair : transformer des promesses lointaines en engagements financiers précis, orientés vers des projets concrets sur le continent.

« Le premier Sommet africain sur le climat […] a amplifié la voix collective de l’Afrique sur la scène mondiale. Dans la continuité de cette dynamique, l’ACS2 […] doit promouvoir les initiatives issues du précédent sommet. Combler le déficit de financement climatique en Afrique est essentiel, car il freine nos efforts de développement face à des défis pressants », rappelle Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine. Et de marteler : « ensemble, nous veillerons à ce que l’ACS2 aille au-delà des déclarations : il catalysera des investissements, des politiques et de l’espoir. »

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Promesses non tenues : le talon d’Achille des sommets internationaux

Depuis des décennies, les financements promis aux pays en développement – et en particulier à l’Afrique – ressemblent à un serpent de mer. Les engagements se succèdent, rarement suivis d’effets. Résultat : ces grands rendez-vous internationaux sont souvent perçus comme des rituels diplomatiques coûteux, où l’on parle beaucoup mais où l’on agit peu.

L’exemple le plus frappant reste celui des 100 milliards de dollars annuels promis lors de la COP21 pour aider les pays vulnérables à réduire leurs émissions et à s’adapter au changement climatique. Dix ans après, cette promesse reste largement insatisfaite. L’Afrique, territoire le plus exposé aux effets du réchauffement, n’a reçu qu’environ 13 milliards de dollars par an pour l’adaptation climatique en 2020-2021. Cela ne représente que 20 % des flux mondiaux et couvre à peine un quart des besoins annuels estimés selon le Global Center on Adaptation (GCA).

Depuis le Sommet de Paris de 2023 pour un nouveau pacte financier mondial, plusieurs dirigeants africains, dont le Kenyan William Ruto, ont dénoncé avec franchise le décalage entre les annonces et leur concrétisation. Depuis, les États africains semblent décidés à ne plus se contenter d’applaudir les déclarations creuses. La Déclaration de Nairobi, qui a ponctué le premier ACS, a marqué le début d’un fédéralisme africain naissant sur les questions climatiques, où les pays du continent tentent enfin de défendre leurs intérêts communs. Désormais, l’ACS2 doit déboucher sur une Déclaration d’Addis-Abeba. Celle-ci servira de feuille de route commune pour les négociations de la future COP30.

L’ACS2 : relier les engagements aux projets

A Addis-Abeba, l’ambition est de lier directement les promesses de 2023 à des projets tangibles. Des consultations inclusives avaient déjà eu lieu en mai, mobilisant ONG, jeunes, initiatives féminines, secteur privé local et communautés autochtones pour construire un agenda plus représentatif et ancré dans les réalités africaines. Puis, à la veille du sommet, des journées préparatoires (5–7 septembre 2025) ont affiné le programme de cette deuxième édition.

Les dirigeants veulent mettre en avant des solutions africaines – énergies renouvelables, industrie, technologie, innovations basées sur la nature – qui méritent un soutien massif. L’objectif est aussi de renforcer l’adaptation locale, l’autonomie financière régionale et de reconnaître le rôle central des communautés, des femmes et des jeunes.

« Nous voulons démontrer les solutions technologiques africaines, où l’écologie et les solutions fondées sur la nature stimulent l’économie, et où la résilience devient notre héritage », insiste Mahmoud Ali Youssouf.

Le secteur privé, grand absent de la finance climatique

Mais ces ambitions se heurtent à une dure réalité : la finance climatique mondiale reste largement publique. Selon le GCA, le secteur privé ne finance que 3 % des besoins d’adaptation en Afrique. Une part dérisoire face à l’ampleur des défis.

Les États africains multiplient les plaidoyers pour une plus forte contribution du privé. Mais les grandes multinationales, souvent parmi les principaux pollueurs, restent massivement investies dans les énergies fossiles sur le continent. Faute de leviers efficaces, les gouvernements africains hésitent à exercer une pression directe, soucieux de ne pas compromettre leurs priorités immédiates : infrastructures, emploi, baisse du coût de la vie. Autant de critères qui pèsent bien plus lourd dans le jugement de leurs citoyens que les objectifs climatiques.

L’ACS2 se joue donc sur une ligne de crête. Il doit transformer les belles déclarations de 2023 en engagements mesurables, et poser les jalons de la future Déclaration d’Addis-Abeba comme feuille de route collective avant la COP30. Faute de quoi, il risque de rejoindre la longue liste des sommets internationaux où l’Afrique a beaucoup espéré, mais peu récolté.

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