
Droits de douane américains : Trump exempte plusieurs minéraux produits en Afrique
L’évolution de la politique commerciale américaine, marquée par un usage accru des barrières tarifaires, suscite de fortes inquiétudes à l’échelle mondiale. Les exemptions récentes accordées à certains métaux stratégiques pourraient toutefois avoir des implications positives pour plusieurs pays africains exportateurs.
Le président américain Donald Trump (photo) a annoncé en fin de semaine dernière l’exemption de l’or, du tungstène, de l’uranium, du graphite et d’autres minerais des droits de douane globaux annoncés en avril. La décision, officialisée par décret exécutif, entre en vigueur ce lundi 8 septembre.
Selon le texte signé par le président et dont les détails ont été relayés par plusieurs médias internationaux, ces modifications sont jugées « nécessaires et appropriées » pour répondre à l’« urgence nationale » invoquée lors de la mise en place des droits de douane. L’administration justifie l’exemption par le besoin de sécuriser des approvisionnements jugés essentiels pour la sécurité économique américaine. Outre les métaux précieux, l’uranium, le tungstène et le graphite sont en effet des intrants stratégiques pour l’aéronautique, l’électronique, les dispositifs médicaux et l’énergie.
Cela survient dans un climat de forte volatilité sur les marchés des matières premières. Au premier semestre 2025, les métaux précieux comme l’or et l’argent ont fortement progressé (le prix de l’or a atteint un nouveau pic historique à 3500 $/oz), portés par les incertitudes géopolitiques, tandis que les métaux industriels comme le fer et le nickel sont restés sous pression.
Pour l’Afrique, un des principaux fournisseurs mondiaux d’or derrière la Chine et acteur important pour l’uranium (Niger, Namibie) ou le tungstène (Rwanda), l’exemption américaine évite un surcoût potentiel et peut soutenir la compétitivité des exportations vers Washington. Elle ne lève cependant pas toutes les incertitudes dans le secteur minier, surtout quand on sait que d’autres produits tout aussi importants pour les recettes d’exportation du continent sont toujours frappés par les droits de douane. C’est par exemple le cas du cuivre pour lequel le président Trump a annoncé en juillet dernier des tarifs de 50 %, décision qui avait fait grimper les cours du métal rouge sur le marché américain.
Les prochains développements permettront de voir si les exemptions annoncées traduisent une volonté durable de coopération commerciale ou si elles relèvent d’un ajustement ponctuel pour sécuriser l’approvisionnement américain. Dans l’immédiat, les marchés suivront de près l’impact de cette décision sur les prix et sur la capacité des pays africains producteurs à tirer avantage de cette brèche dans le protectionnisme américain.
Selon un rapport publié en août dernier par ODI Global, les pays à revenu faible et intermédiaire risquent de subir un manque à gagner de 89 milliards $ par an, sous l’effet de la baisse de leurs exportations vers les États-Unis. Le think tank a établi un classement avec six pays africains dans le top 10 des nations les plus vulnérables à la hausse des droits de douane américains et à la réduction de l’aide publique au développement.