Electricité captive : une réponse à des pertes annuelles de 25 milliards $ au Nigeria

Electricité captive : une réponse à des pertes annuelles de 25 milliards $ au Nigeria

Le Nigeria affiche le plus grand déficit d’accès à l’électricité au monde, avec 86 millions de personnes non connectées en 2022 selon l’AIE. Particuliers et surtout industriels ont de plus en plus recours à l’autoproduction pour pallier les faiblesses du réseau national, dont le coût économique est considérable.

Le manque de fiabilité du réseau électrique coûte entre 5 et 7 % du PIB au Nigeria, soit environ 25 milliards de dollars de pertes économiques annuelles selon la Banque mondiale. Face à ces faiblesses chroniques, l’électricité captive produite directement par les entreprises ou institutions pour leur propre usage s’impose comme une solution.

Ces installations, qu’elles soient alimentées par des centrales thermiques ou l’énergie solaire, totalisent déjà plus de 6500 MW, un volume supérieur à la production actuelle du réseau national estimée entre 4500 et 5000 MW. Parmi les plus de 200 entreprises et institutions concernées figure le groupe Dangote, qui génère à lui seul plus de 1500 MW pour ses besoins industriels. Cette tendance pourrait s’accélérer dans les prochaines années, notamment grâce au potentiel de l’énergie solaire.

Selon une étude du Rocky Mountain Institute publiée en 2023, le marché nigérian de l’énergie solaire captive commerciale et industrielle pourrait attirer 6,5 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030. L’étude recense plus de 75 000 clients à forte demande et 1,2 million à faible demande, dont une partie serait éligible au solaire, pour une demande totale estimée à 3,4 GW. Des projets sont déjà en service, comme les 10,3 MW installés dans huit usines de la Nigerian Bottling Company.

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Outre la faiblesse chronique du réseau national, qui a connu 12 effondrements en 2024, la progression de ces solutions s’explique par l’impact direct des coupures sur la productivité. La Banque mondiale rappelle que les entreprises confrontées à un approvisionnement instable subissent davantage de pertes de chiffre d’affaires. Avec une demande totale estimée à 20 GW en 2023 et appelée à plus que doubler pour atteindre 45 GW d’ici 2030, le recours à l’électricité captive apparaît comme un levier essentiel pour accompagner la croissance.

La Banque mondiale estime toutefois que la pérennité de ce marché dépendra aussi de la capacité du Nigeria à lever certains freins réglementaires et financiers. Les risques liés au pays et au secteur continuent de décourager une partie des investisseurs privés, qui perçoivent le marché nigérian de l’électricité comme très risqué, ce qui entraîne un coût du capital plus élevé ou une moindre volonté d’investir.

Les développeurs de projets supérieurs à 1 MW doivent par ailleurs suivre une procédure d’autorisation jugée lourde, ce qui ralentit les investissements. Le cap de 1 MW fixé par la loi de 2023 sur les mini-réseaux limite le développement de projets de taille suffisante pour alimenter de grandes communautés ou des utilisateurs industriels. Le gouvernement fédéral prévoit la mise en place de 12 000 mini-réseaux d’ici 2030, soit environ 2 000 demandes de permis à traiter chaque année. Augmenter ce seuil à 5 MW, comme le recommande la Banque mondiale, permettrait de réduire les coûts unitaires, d’accélérer les procédures et de répondre plus efficacement à la demande.

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