Energies vertes : un gain potentiel de 5 000 milliards $ pour l’Afrique d’ici 2050 (rapport)

Energies vertes : un gain potentiel de 5 000 milliards $ pour l’Afrique d’ici 2050 (rapport)

Le rapport souligne que les infrastructures électriques limitées du continent pourraient lui permettre de prendre des raccourcis pour sauter directement dans le grand bain des énergies renouvelables, et d’éviter ainsi le risque d’immobilisation des actifs liés aux combustibles fossiles. 

L’Afrique pourrait économiser entre 3000 et 5000 milliards de dollars et créer 2,2 millions d’emplois supplémentaires en passant vers des systèmes énergétiques entièrement renouvelables, selon un rapport publié le 19 juin 2025 par Power Shift Africa, un think tank basé au Kenya et axé sur le climat et le développement.

Intitulé « African energy leadership : The case for 100% renewable energy », le rapport précise que les modélisations relatives à la décarbonation du secteur de l’énergie en Afrique, tout continuant à développer les économies et à réaliser l’accès universel à l’énergie, montrent que les capacités installées des énergies renouvelables sur le continent devront atteindre environ 3500 gigawatts (GW) à l’horizon 2050, contre 80 GW en 2023.

Le premier atout du continent est la disponibilité de ressources renouvelables abondantes. Dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque, ces ressources s’élèvent à 482 261 GW. Les ressources éoliennes terrestres sont, quant à elles, estimées à 71 778 GW.

Tout compte fait, l’électricité requise dans le cadre d’un scénario 100 % énergies renouvelables ne représente que moins de 1% de cet énorme potentiel.

De plus, la mise en place d’un approvisionnement en électricité entièrement renouvelable nécessiterait bien moins de 1 % de la superficie totale du continent.

Les modélisations montrent dans ce cadre que le remplacement des combustibles fossiles utilisés pour la production d’électricité, la cuisson et les transports par de l’électricité issue de sources renouvelables n’est pas seulement techniquement possible, mais qu’il est aussi nettement moins coûteux, plus propice à la création d’emplois, à l’amélioration de l’accès à l’énergie pour les populations et à la protection de l’environnement et du climat.

Image 1 copy copy copy

Le développement de la production d’électricité dans un scénario tendanciel (Business as usual) axé sur les combustibles fossiles coûterait environ 22 000 milliards de dollars entre 2020 et 2050, dont la majeure partie est imputable aux coûts des combustibles.

Développer les énergies renouvelables nécessiterait des investissements plus importants dans les infrastructures (plus de 7300 milliards de dollars dans le scénario 100 % énergies renouvelables, contre 3500 milliards de dollars dans le scénario business as usual), mais permettrait de réaliser des économies de 8300 milliards de dollars sur les coûts des carburants.  A elles seules, les économies de carburant représentent ainsi plus du double des investissements supplémentaires de 3800 milliards de dollars nécessaires par rapport à la poursuite de l’utilisation des combustibles fossiles.

Griller des étapes

D’autre part, le passage du continent à des systèmes énergétiques entièrement renouvelables stimulerait largement l’emploi dans le secteur de l’énergie. D’après les projections, le nombre total d’emplois dans le secteur de l’énergie – toutes technologies et sources d’énergie confondues – passera de 1,5 million en 2023 à 3,2 millions en 2050 dans le scénario Business as usual.

Dans le scénario 100 % énergies renouvelables, le nombre total d’emplois atteindra 5,4 millions en 2050, ce qui représente 2,2 millions d’emplois supplémentaires.

Le nombre d’emplois directs dans le secteur des énergies renouvelables sur le continent passerait d’environ 350 000 actuellement à 2 millions dans le scénario Business as usual et à 5,3 millions dans le scénario 100 % énergies renouvelables. Ainsi, le passage à des systèmes énergétiques entièrement renouvelables ferait plus que compenser les pertes d’emplois dans le secteur des combustibles fossiles.

Image 2 copy copy copy copy

Le rapport fait remarquer par ailleurs que plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à une électricité fiable et près de la moitié de la population (720 millions de personnes) vit à plus de 10 kilomètres du réseau électrique central, et plus loin encore des centrales électriques utilisant les combustibles fossiles qui desservent principalement les villes et les zones industrielles. De ce fait, les petites communautés – celles qui sont connectées – se retrouvent souvent coupées du réseau lorsque la demande augmente. Cette vulnérabilité représente cependant une opportunité. Les infrastructures limitées placent l’Afrique dans une position qui lui permet de griller des étapes et de « sauter » directement vers les énergies renouvelables, évitant ainsi le risque d’immobilisation des actifs liés aux combustibles fossiles. Des systèmes basés sur les énergies renouvelables distribuées (L’énergie distribuée ou décentralisée fait référence à une énergie produite localement sans passer par les grands réseaux décentralisés, Ndlr) offrent la voie « la plus rapide et la moins chère » vers l’accès universel.

En ce qui concerne la mobilisation des financements nécessaires à une transition énergétique à marche forcée sur le continent, le rapport recommande notamment le recours aux contrats d’achat d’électricité à long terme auprès des petits producteurs d’énergies renouvelables pour attirer les investisseurs privés, l’accroissement de la mobilisation de ressources budgétaires internes, la multiplication des Partenariats pour une transition énergétique juste (JETP),  la réorientation des subventions et des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international et l’annulation de la dette des pays africains.

L’intérêt devrait également se porter sur l’exploitation des compensations internationales pour les pertes et préjudices subis par un continent qui abrite 19 % de la population mondiale, mais ne contribue qu’à hauteur de 3 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

CATEGORIES
TAGS
Share This