
Frontière Bénin-Niger fermée : les options disponibles pour les exportations d’uranium
Depuis juillet 2023, la frontière Bénin-Niger est officiellement fermée. Cela prive les compagnies minières présentes au Niger de leur principal corridor d’importation et d’exportation. Alors que les exportations d’uranium pourraient bientôt reprendre, Niamey dispose néanmoins d’autres options.
Dans une interview télévisée diffusée samedi 31 mai, le président nigérien Abdourahamane Tiani a réaffirmé son intention de maintenir la frontière avec le Bénin fermée. Faute de perspective de réouverture, les prochaines exportations d’uranium du Niger pourraient passer par d’autres corridors que celui du port de Cotonou, historiquement utilisé jusqu’en 2023.
Global Atomic, compagnie canadienne qui prévoit de lancer la production d’uranium en 2026 à sa mine Dasa (actuellement en construction), a présenté quelques-unes de ces options dans une mise à jour publiée le 13 mai. Elle indique que « des itinéraires de transport alternatifs sont mis en place via l’Algérie, le Nigeria et le Togo/Burkina Faso ».
Le Niger partage 951 km de frontière avec l’Algérie et envisage la construction d’un port sec à Agadez, ainsi que la mise en place d’une voie ferrée. Ces initiatives, pour lesquelles peu de détails sont disponibles, visent à améliorer l’interconnexion avec le pays du Maghreb, dont les ports serviraient de plateformes logistiques au Niger. En attendant, c’est via le port de Lomé et les routes du Burkina Faso que transite une partie des échanges commerciaux du pays.
Peu utilisée pour le transport de produits en vrac comme le yellow cake, la voie aérienne reste malgré tout une dernière option. En 2024, le français Orano avait proposé d’exporter son stock nigérien par avion, avec un transit par la Namibie. Cette solution ponctuelle n’avait pas été retenue par Niamey. Depuis le coup d’État de juillet 2023 et le refroidissement des relations avec Paris, Orano n’est en effet plus autorisé à exporter l’uranium nigérien. La société a même perdu le contrôle de sa filiale locale, exploitant la seule mine d’uranium en activité au Niger.
Tandis que le stock s’accumule sur le site, plusieurs partenaires de Niamey, dont la Russie et la Chine, ont manifesté leur intérêt pour acquérir une partie de la production. En dehors de la mine jadis contrôlée par Orano et du projet Dasa, une autre opération s’apprête à reprendre. Il s’agit de la Société des Mines d’Azelik (Somina), majoritairement détenue par la Chine et fermée en 2014 sur fond de chute des prix. Avec la remontée des cours du combustible nucléaire depuis 2021, sa réouverture a été annoncée en 2024.
Pour les options identifiées afin d’exporter la future production de ces différentes opérations, notons que des contraintes plus ou moins importantes subsistent. Si le port de Lomé est l’un des plus compétitifs de la sous-région, le transport par la route des marchandises n’est pas sans risque, dans une région où les menaces sécuritaires et les problèmes administratifs s’accumulent.
En novembre 2024, un syndicat nigérien de transporteurs a déploré les attaques djihadistes contre les convois empruntant le corridor menant du port du Lomé au Niger, à travers le Burkina Faso. Dans son communiqué, l’Union des travailleurs du transport et assimilés du Niger dénonçait aussi « des tracasseries incessantes, des rackets et d’importantes pertes de temps ». Pour ce qui est de l’Algérie, les projets annoncés devraient difficilement être opérationnels, d’ici la reprise à plein régime de la production d’uranium.
Dans sa note de conjoncture économique régionale publiée en mars 2025, la Commission de l’UEMOA indique que « les exportations d’uranium n’ont toujours pas repris » à la fin 2024 au Niger. Ce secteur a néanmoins représenté un tiers des exportations du pays en 2023.