Green Imperative : le pari agricole Nigeria–Brésil qui teste la politique alimentaire de Tinubu

Sept ans après la signature d’un premier protocole d’accord, le Nigeria et le Brésil ont officiellement enclenché en mars dernier la phase opérationnelle du Green Imperative Project. Ce programme de mécanisation agricole, estimé à 1,1 milliard de dollars pour sa première phase, doit à terme s’étendre à 4,3 milliards avec une deuxième étape déjà prévue. À côté, un accord séparé de 2,5 milliards a été conclu avec la multinationale brésilienne JBS dans l’élevage et les protéines animales. L’ensemble de ces volets porte à près de 8 milliards le volume global de coopération agricole bilatérale. La visite du président Bola Ahmed Tinubu à Brasília, le 25 août 2025, est censée donner un nouvel élan à ce partenariat. Mais au-delà des annonces, le Green Imperative Project (GIP) constitue surtout un test grandeur nature de la stratégie alimentaire du chef de l’État nigérian.

Le projet avait été conçu dès 2018, mais il a fallu attendre mars 2025 pour que la phase commerciale soit signée à Abuja, en présence du vice-président Kashim Shettima. « Nous avons commencé avec sept ans de retard, mais le voyage de mille kilomètres commence toujours par un premier pas », déclarait-il alors, en soulignant que le GIP s’inscrivait dans l’agenda gouvernemental pour la sécurité alimentaire.

Selon l’ambassadeur du Brésil au Nigeria, Carlos Garcete, ce délai s’explique par les négociations menées pour mobiliser des financements auprès de banques de développement régionales et d’investisseurs privés. Présenté comme l’un des plus grands projets agricoles du continent, le GIP prévoit la livraison de 10 000 tracteurs et 50 000 équipements agricoles, assemblés au Nigeria avec de la main-d’œuvre locale. Les autorités évoquent la création de 100 000 emplois directs et plus de 5 millions d’emplois indirects. Le personnel formé dans le cadre du projet devra aussi, apprend-on, assurer la maintenance, afin de réduire la dépendance extérieure.