
Kenya : la facture des importations de poissons a chuté de 44 % en 2024
Au Kenya, le secteur de la pêche et de l’aquaculture contribue à hauteur de 0,6 % au PIB, mais fait vivre directement et indirectement près de 1,2 million de personnes. L’amélioration de la production locale permet en outre de réduire la dépendance aux produits halieutiques étrangers.
Au Kenya, les importations de poissons et de produits de la pêche ont coûté 921,1 millions de shillings (7,12 millions $) en 2024, affichant ainsi une baisse de 44 % par rapport à l’enveloppe de 1,65 milliard de shillings (12,77 millions $) qui y était consacrée un an plus tôt. C’est ce qu’indique l’Agence kenyane des pêches (KeFS) dans son rapport annuel sur le marché local publié sur son site en août 2025.
Cette réduction des dépenses reflète aussi une baisse du volume des achats extérieurs d’une année sur l’autre. En effet, le pays s’est procuré 9 960 tonnes de poissons et de produits de la pêche sur le marché international en 2024, un stock qui s’affiche en baisse de 11,4 % par rapport à celui enregistré en 2023 (11 253 tonnes).
Une amélioration de la production locale
D’après la KeFS, la contraction du volume des importations est principalement attribuée à l’augmentation de la production nationale, notamment grâce à la pêche maritime et à l’aquaculture en cage. En effet, les captures totales de poissons réalisées dans le pays ont progressé de 4,34 % d’une année sur l’autre pour atteindre 168 424 tonnes.
C’est avant tout grâce à une croissance des prises de la pêche maritime, qui a bondi de 21 % pour s’établir à 48 608 tonnes, alors que la production aquacole a enregistré une hausse de 5 % pour s’établir à 33 289 tonnes.
Évolution de la pêche maritime au Kenya depuis 2015
La pêche continentale qui demeure la principale contributrice à l’approvisionnement local en poissons, est le seul segment d’activité où les prises ont baissé de 3,5 %, pour se situer à 86 527 tonnes.
Évolution de la production aquacole depuis 2017
En dehors de la bonne santé de l’aquaculture et de la pêche maritime, un autre facteur peut être pris en considération pour expliquer la réduction du recours aux importations en 2024. Même si le rapport de la KeFS ne le mentionne pas, il faut rappeler que le gouvernement kenyan a introduit un droit d’accise de 10 % sur les importations de poisson dans son budget pour l’année fiscale 2023/24. Cette manœuvre visait notamment à protéger l’industrie locale du poisson contre les produits étrangers moins chers, notamment en provenance de Chine, selon les autorités.
Si la tendance actuelle confirme la montée en puissance de la pêche maritime et de l’aquaculture, la forte demande domestique pourrait néanmoins continuer à imposer un recours aux importations dans les années à venir. Il faut noter que la consommation annuelle par tête de poisson au Kenya s’affiche à près de 4,3 kg ce qui est encore largement en dessous de la moyenne africaine estimée à 10 kg.
« Il existe un écart important entre la demande projetée en poissons et la production actuelle. En tenant compte d’une population estimée à plus de 51 millions de personnes en 2024, la consommation attendue devrait s’élever à 510 000 tonnes. Cela signifie que la production halieutique totale actuelle présente un déficit important », souligne notamment la KeFS dans son rapport.