
La synergie hydroélectricité – solaire, clé pour sécuriser l’accès à l’électricité propre en Afrique
Alors qu’Etats, industriels et investisseurs cherchent à sécuriser l’approvisionnement électrique tout en réduisant l’empreinte carbone, l’hydroélectricité et le solaire s’imposent comme piliers stratégiques de la transition énergétique en Afrique. Leur articulation conditionnera l’atteinte des objectifs d’accès universel et de résilience face aux chocs climatiques.
Si l’hydroélectricité reste l’un des principaux contributeurs au mix énergétique africain, le solaire photovoltaïque confirme son rôle de levier stratégique avec une croissance remarquable sur le continent. Alors que la demande en électricité s’y accroît et que les aléas climatiques fragilisent les ressources hydriques, la question de la complémentarité de ces deux filières devient importante pour l’accès et la transition énergétiques.
L’hydroélectrique, un pilier sous pression climatique
Avec 43,5 GW de capacité conventionnelle installée, l’hydroélectricité fournit environ 20% de l’électricité générée en Afrique, tout en ne mobilisant que 10% de son potentiel technique total selon le rapport « World Hydropower Outlook 2025 » de l’International Hydropower Association publié en juin 2025. Ce segment affiche un important pipeline de projets : 16 GW sont actuellement en cours de construction et 18,5 GW ont obtenu les autorisations nécessaires et attendent une décision finale d’investissement.
Ce portefeuille pourrait accroître la capacité opérationnelle de près de 80%, à condition de lever des obstacles persistants tels que le risque de change, la bancabilité des contrats d’achat et l’acceptabilité locale. En 2024, l’Afrique a gagné 4507 MW grâce à de grands chantiers menés notamment en Tanzanie, en Éthiopie, au Cameroun et en Ouganda.
À l’inverse, des projets phares comme le barrage Grand Inga en République démocratique du Congo illustrent les défis structurels d’un modèle encore très dépendant du financement public.
Le solaire photovoltaïque, un levier stratégique en forte tendance
De son côté, le solaire photovoltaïque est inférieur en volume, mais sa dynamique de croissance est remarquable. La capacité installée sur ce segment est passée à 15,3 GW fin 2024, malgré une légère baisse des nouvelles installations qui se sont portées à 2402 MW en 2024 contre 3076 MW en 2023 selon les données de l’Agence Internationale des énergies renouvelables (IRENA) et du rapport « Africa Market Outlook for Solar PV 2025–2028 » du Global Solar Council.
Cette inflexion qui s’explique en partie par la stabilisation du marché sud-africain, principal moteur régional, cache toutefois une diversification prometteuse. En effet, de nouveaux marchés émergent en Afrique de l’Ouest et Australe, et les projections du Global Solar Council tablent sur 23 GW supplémentaires d’ici 2028, faisant plus que doubler la capacité actuelle en quatre ans. Notons qu’avec un potentiel technique estimé à 7,9 TW, le solaire reste la ressource énergétique la plus abondante en Afrique.
Des possibilités de synergie prometteuses
Les deux filières affichent des contraintes similaires. Incertitude sur les revenus, retards de développement, dépendance au financement externe, etc. Pourtant, leurs trajectoires diffèrent : l’hydroélectrique reste concentré sur des projets publics à grande échelle, tandis que le solaire séduit de plus en plus d’investisseurs privés grâce à des modèles décentralisés plus rapides à déployer.
Mais l’hybridation — optimisation de barrages, développement de projets solaires flottants, micro-réseaux couplant petites centrales hydro et solaire — évolue progressivement comme option pragmatique. Face au stress hydrique accentué par le changement climatique, la synergie entre la stabilité de l’hydroélectrique et la modularité du solaire pourrait devenir un facteur clé pour réussir l’accès universel à l’électricité.
À long terme, c’est bien la complémentarité qui s’affirme comme la voie la plus réaliste pour garantir la résilience énergétique du continent.