
Mobile abordable : le Burkina Faso en tête en Afrique de l’Ouest en 2023
Le téléphone mobile est le support privilégié par lequel les consommateurs africains accèdent actuellement à Internet. Mais le coût d’acquisition demeure encore l’un des principaux obstacles à l’accès à internet et à divers services à valeur ajoutée.
Le téléphone mobile est actuellement un levier important pour l’inclusion numérique et financière en Afrique. Cependant, l’Indice de connectivité mobile de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) révèle encore de fortes disparités sur son accessibilité, mesurée en pourcentage du PIB mensuel moyen par habitant. Pour la région Afrique de l’Ouest en particulier, le Burkina Faso se positionnait en tête du classement en 2023, avec un téléphone mobile coûtant environ 15,1 % du revenu mensuel moyen. Il était suivi par la Gambie (19,5 %) et le Niger (21,2 %). Des chiffres qui traduisent des prix relativement bas.
En revanche, la situation était bien différente dans des pays comme le Cap-Vert (72,2 %), la Guinée (64,2 %), où acquérir un téléphone mobile équivalait à près des deux tiers du revenu mensuel moyen. Une réalité qui limitait fortement l’équipement numérique des populations et renforçait les inégalités d’accès à l’information, à l’éducation en ligne ou aux services financiers numériques.
Le Bénin (25,1 %), le Togo (28,9 %) et le Mali (29,0 %) présentaient une accessibilité modérée, tandis que des économies plus importantes comme la Côte d’Ivoire (55,9 %) ou le Ghana (47,1 %) affichaient des coûts relativement élevés, malgré des marchés télécoms dynamiques.
Ces données mettaient en lumière un enjeu fondamental : l’abordabilité des terminaux comme l’un des obstacles à franchir pour une réelle inclusion numérique en Afrique. Tandis que la connectivité s’améliore grâce à l’extension des réseaux 4G et à la baisse des coûts de données, le prix d’achat du téléphone lui-même continue à freiner l’inclusion numérique, surtout chez les plus pauvres.
L’impact de la fiscalité sur les prix
La cherté des téléphones mobiles dans les différents marchés d’Afrique de l’Ouest dépend de plusieurs facteurs, notamment la fiscalité. Selon les données de GSMA, les taxes sur les téléphones mobiles varient considérablement d’un pays à l’autre et ont une influence sur l’accessibilité du mobile. Alors que la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et le Ghana n’imposaient quasiment aucune taxe sur ces appareils (0 % à 0,1 %), d’autres comme le Sénégal appliquaient une taxe de 100 % du prix de l’appareil.
Dans des pays comme le Nigeria (72,5 % de taxe) ou la Gambie (64,08 %), le poids fiscal sur les téléphones s’est ajouté à une faible capacité d’achat. Résultat : des millions de personnes restent exclues de la transformation numérique en cours. Et ce, malgré les progrès notables dans la couverture 3G/4G.
Un dilemme politique : recettes fiscales ou inclusion numérique ?
La taxation des terminaux constitue pour les États une source de revenus non négligeable. Mais à court terme, elle pénalise l’accès à l’équipement de base, compromettant les politiques de digitalisation, de bancarisation mobile et d’administration électronique.
Selon plusieurs économistes, une baisse des taxes sur les terminaux permettrait non seulement de stimuler l’équipement individuel, mais aussi de renforcer l’assiette fiscale à long terme via l’augmentation des services numériques taxés (m-paiement, e-commerce, abonnements, etc.).
À l’heure où le continent ambitionne une souveraineté numérique, la question de l’accessibilité au téléphone mobile devient centrale. Il est urgent que les gouvernements harmonisent leur fiscalité avec leurs ambitions numériques. Car sans équipement, l’inclusion numérique demeurera faible, entravant les opportunités de l’économie numérique en Afrique.