Mobile money : quatre comportements à risque qui favorisent la fraude

Mobile money : quatre comportements à risque qui favorisent la fraude

L’Afrique s’impose comme le cœur mondial du mobile money, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA). En 2024, le continent comptait 1,1 milliard de comptes de mobile money enregistrés, représentant 53 % de l’ensemble des comptes dans le monde. Parmi eux, 286 millions étaient actifs, générant 81 milliards de transactions pour une valeur totale de 1 100 milliards de dollars.

Si le mobile money continue de s’imposer comme un instrument clé de l’inclusion financière, il convient de rappeler qu’il doit faire face à plusieurs défis, dont la fraude croissante. Une étude de la GSMA publiée en mars 2024 met en exergue les types de fraudes, dont les cinq principaux que sont l’usurpation d’identité, l’ingénierie sociale, la fraude d’initié, la fraude par échange de cartes SIM (SIM Swap) et la cyberfraude. A partir de cette typologie des fraudes, nous avons identifié les comportements à risque des utilisateurs des services de mobile money qui les rendent particulièrement vulnérables aux arnaques.

Manque de vigilance face aux sollicitations douteuses

De nombreux consommateurs sont régulièrement ciblés par des fraudeurs qui utilisent des techniques d’ingénierie sociale pour les tromper. Ces fraudeurs se font passer pour des employés de l’opérateur mobile, du service client ou d’une entreprise connue, souvent par SMS (smishing) ou appel vocal (vishing). Ils affirment, par exemple, que le client a gagné un prix ou que son compte nécessite une mise à jour urgente.

Paniqués ou curieux, certains usagers révèlent alors des informations sensibles comme leur code PIN ou leur numéro d’identité. D’autres suivent les instructions des fraudeurs en composant des codes USSD, ce qui peut activer des services à leur insu ou permettre le transfert de fonds vers un compte frauduleux. Ces comportements, souvent motivés par un manque d’information ou par la confiance excessive accordée à une voix rassurante, sont l’un des principaux vecteurs de fraude.

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Pratiques dangereuses autour du téléphone mobile

Dans de nombreux cas, les utilisateurs adoptent des pratiques risquées avec leur téléphone portable, souvent par commodité ou par manque de maîtrise technique. Par exemple, dans les zones rurales ou chez les personnes peu alphabétisées, il est courant de remettre son téléphone à un agent ou à un proche pour effectuer une transaction. Cette délégation expose l’utilisateur à des fraudes telles que le SIM swap, où un fraudeur fait transférer le numéro de téléphone de la victime vers une nouvelle carte SIM.

De plus, beaucoup de clients utilisent des mots de passe trop simples (comme « 1234 » ou leur date de naissance) ou n’activent pas les fonctions de verrouillage de l’écran, ce qui facilite les accès non autorisés. Certains téléchargent aussi des applications douteuses ou cliquent sur des liens malveillants reçus par message, permettant aux fraudeurs d’installer des logiciels espions capables de voler les identifiants ou les données personnelles.

Naïveté vis-à-vis des services en ligne

Avec l’essor des réseaux sociaux, de nombreux consommateurs achètent des biens ou services à travers des pages ou annonces informelles sans s’assurer de leur fiabilité. Ils sont ainsi exposés à des arnaques de type « vente fantôme », où un prétendu vendeur demande un paiement via mobile money pour un produit qui ne sera jamais livré.

Dans certains cas, le fraudeur crée un faux compte de commerçant ou usurpe l’identité d’une entreprise réelle, rendant la tromperie plus convaincante. Comme les comptes recevant l’argent ont souvent été ouverts avec de fausses identités, les chances de récupérer les fonds ou de retrouver l’auteur sont très faibles.

Méconnaissance de la confidentialité de ses données

La mauvaise gestion des informations personnelles expose directement les usagers au vol d’identité et à l’usurpation de compte. Certains clients partagent sans méfiance leur code PIN avec un agent ou un proche, ou le notent dans un endroit facilement accessible (carnet, messages SMS, etc.).

Lors de l’enrôlement biométrique, certains agents malintentionnés font scanner plusieurs fois les empreintes du client avec différents numéros de téléphone, prétendant que l’enregistrement a échoué. Ces lignes peuvent ensuite être utilisées à des fins frauduleuses (par exemple pour obtenir des prêts au nom du client). De même, des pièces d’identité perdues ou volées peuvent être utilisées pour ouvrir des comptes frauduleux. Beaucoup d’utilisateurs ignorent aussi qu’un agent n’a pas le droit d’accéder à leur solde ou de manipuler leur téléphone sans consentement explicite.

Approche de solution : renforcer l’éducation numérique des usagers

Face à la recrudescence de fraudes, la GSMA recommande aux opérateurs télécoms d’investir davantage dans des programmes antifraudes, dans des technologies de pointe qui soutiennent la sécurité comme l’intelligence artificielle et la surveillance rigoureuse des tiers. Du côté des gouvernements, il est recommandé de mettre à jour et d’améliorer les cadres réglementaires. Mais au-delà de ces mesures, un accent particulier doit être mis sur les consommateurs qui restent le maillon le plus vulnérable, mais le plus important de la chaine.

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« La fraude reste malgré tout un problème important pour le secteur. Plusieurs prestataires et régulateurs s’efforcent de développer la connaissance des services financiers numériques chez les usagers afin de les sensibiliser aux enjeux financiers et de lutter contre la fraude », a déclaré la GSMA.

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