
Nigeria : la Banque de l’agriculture bénéficiera d’un soutien public de près d’un milliard $
Au Nigeria, l’agriculture fournit près du quart du PIB. Le secteur doit faire face à plusieurs défis structurels qui plombent la capacité des acteurs à satisfaire les besoins alimentaires à l’interne.
1,5 trillion de nairas (968 millions $). C’est le montant que le gouvernement nigérian entend allouer dans le cadre d’un processus de recapitalisation de la Banque de l’agriculture (Bank of Agriculture – BoA).
L’annonce a été faite samedi 21 juin par Abubakar Kyari, ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire. D’après le responsable, cette enveloppe est censée permettre une amélioration de l’accès des producteurs au crédit agricole et à d’autres services financiers.
L’objectif final est d’accroître les investissements dans les moyens de production afin d’augmenter l’offre alimentaire dans le pays où le secteur agricole peine toujours à attirer des financements bancaires.
Malgré le lancement en novembre 2015 du Anchor Borrowers’ programme qui vise à booster les prêts aux agriculteurs par la Banque centrale (CBN) sous le précédent régime Buhari, le secteur capte encore moins de 5 % du portefeuille de prêts à l’économie.
En dehors de l’allocation de ce montant à la BoA, M. Kyari indique que 200 milliards de nairas seront également dédiés à l’amélioration de la sécurité alimentaire et au renforcement des capacités des producteurs sur le territoire national.
Aux grands maux, les grands remèdes
La dernière annonce du gouvernement s’inscrit dans le cadre d’un soutien plus global à l’agriculture, renouvelé dans le budget 2025. Pour ladite année fiscale, les autorités ont décidé d’allouer un budget record de 2,23 trillions de nairas (1,4 milliard $) au secteur agricole, soit une hausse de 123 % par rapport à l’enveloppe consacrée un an plus tôt (996 milliards de nairas) et plus que le quintuple de la somme affichée en 2023 (344,6 milliards de nairas).
S’il est vrai que, globalement, ce budget reste encore inférieur aux recommandations de Malabo (10 % des dépenses publiques au secteur agricole contre 4,1 % dans le cas du Nigeria), il traduit néanmoins la volonté de s’attaquer aux nombreux défis sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans le pays, plus de 30 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire aiguë selon l’ONU, soit le plus important effectif au monde.
L’offre en produits de base reste limitée, non seulement en raison d’un sous-investissement dans les fermes et d’une mécanisation limitée, mais aussi à cause de l’insécurité qui affecte plusieurs zones majeures de production situées dans le nord du pays. Cette situation, en entravant l’acheminement des denrées vers les grands centres urbains du sud, alimente la hausse des prix, pénalisant ainsi les ménages nigérians qui consacrent déjà en moyenne 50 % de leurs revenus à l’alimentation.
Selon les données compilées par le Service national de vulgarisation agricole et de liaison pour la recherche (NAERLS), 2,1 millions d’hectares de terres agricoles cultivables sont aujourd’hui inexploitables dans le nord du Nigeria, en raison de l’insécurité. Cette surface est concentrée à près de 50 % dans les États de Borno, Niger, Plateau, Katsina, Gombe, Bauchi, Kogi, Kaduna, Oyo et Taraba.