Sénégal : les marchés réagissent à la baisse après l’annonce de Sonko sur les prix de l’énergie
La décision du Premier ministre Ousmane Sonko traduit la volonté d’un exécutif sous pression de relancer le pouvoir d’achat. Mais elle illustre aussi la délicate ligne de crête sur laquelle avance le Sénégal : celle d’un pays en quête de crédibilité financière, tout en voulant préserver la paix sociale.
Les obligations du Sénégal ont reculé le mardi 28 octobre 2025, sur les marchés internationaux, au lendemain de l’annonce du Premier ministre Ousmane Sonko d’une réduction prochaine des prix de l’électricité et des carburants. Une mesure populaire, mais qui suscite déjà l’inquiétude des investisseurs et du Fonds monétaire international (FMI), en pleine mission à Dakar.
Un geste social fort, mais à haut risque budgétaire
Le chef du gouvernement sénégalais a promis, lundi soir, de « réduire dans les jours à venir les coûts de l’énergie » pour les ménages. Une décision présentée comme un « soulagement nécessaire » face à la vie chère. Mais cette annonce intervient alors que le pays traverse une période de forte tension sur ses finances publiques, et négocie un nouveau programme d’aide avec le FMI.
En réaction, les eurobonds sénégalais ont chuté : l’emprunt en euros échéance 2028 a perdu près de 2 centimes pour s’établir à 82,9 cents, tandis que celui en dollars à échéance 2033 a reculé de plus d’un centime à 69,3 cents. Des signaux interprétés comme une perte de confiance momentanée des marchés.
Le FMI prône la suppression progressive des subventions
Depuis plusieurs mois, le FMI exhorte Dakar à réduire progressivement les subventions énergétiques, qui pèsent lourd sur le budget. Le gouvernement, lui, assure vouloir réorienter les dépenses vers les secteurs productifs sans aggraver la dette.
Mais l’annonce de M. Sonko, en pleine visite des représentants du Fonds, a surpris plus d’un observateur. Le FMI voulait voir un ajustement explicite des tarifs pour rendre le système plus soutenable.
Un endettement au cœur des préoccupations
Le ratio dette/PIB du Sénégal dépasse désormais les 130 %, après la découverte de dettes non déclarées par l’ancienne administration. Le pays cherche à obtenir une dérogation du FMI pour avoir un nouveau programme après la suspension de son ancien programme de 1,8 milliard de dollars, au début de cette année.
Début octobre, les autorités ont reconnu avoir revu à la hausse leurs projections de service de la dette de plus de 3200 milliards de francs CFA (5,66 milliards $). Pour 2026, la projection s’élève à environ 5490 milliards de CFA contre une estimation antérieure inférieure.
Entre équation sociale et rigueur économique
Sur le plan politique, cette baisse annoncée des prix de l’énergie pourrait apaiser une partie du mécontentement social. Mais elle place le gouvernement face à un dilemme : répondre à la demande populaire sans compromettre les équilibres macroéconomiques.
Pour Dakar, la priorité sera désormais de convaincre ses partenaires internationaux que justice sociale et discipline budgétaire peuvent aller de pair.

