
Trafic aérien : le Cameroun franchit 1,77 million de passagers en 2024, tiré par l’international
Les aéroports camerounais ont accueilli 1,77 million de passagers en 2024, soit une progression de 5,6 % par rapport à 2023, selon le rapport d’activités des Aéroports du Cameroun (ADC). Cette croissance, la plus soutenue depuis la crise sanitaire, est principalement portée par les liaisons internationales, qui concentrent désormais près de 60 % du trafic.
Les dessertes hors zone Cemac affichent la dynamique la plus marquée (+31 %), traduisant un véritable rebond du trafic intercontinental. Les liaisons régionales vers les pays voisins progressent également, confirmant l’importance du Cameroun comme hub de transit en Afrique centrale. En revanche, le trafic domestique chute de 17 %, pénalisé par les difficultés opérationnelles de Camair-Co au second semestre. « Ce constat met en lumière la nécessité de consolider l’offre intérieure pour maintenir la connectivité nationale », souligne le rapport.
Douala et Yaoundé-Nsimalen au lead
Avec 18 436 mouvements d’aéronefs, l’aéroport international de Douala conserve sa position de première plateforme du pays, même si le trafic domestique a reculé (-10,4 %). L’international, en revanche, affiche une nette hausse : +6,6 % de mouvements, +9 % de passagers et +2,2 % de fret. Yaoundé-Nsimalen suit la même tendance : +12,7 % de passagers en un an, soutenu par un dynamisme des dessertes intercontinentales (+9,4 %).
Ces deux plateformes consolident ainsi leur rôle stratégique dans la connectivité du Cameroun, Douala concentrant la majorité des flux internationaux, tandis que Yaoundé-Nsimalen s’impose progressivement comme un relais régional.
Les aéroports secondaires (Bamenda, Bafoussam, Maroua, etc.), eux, restent fragiles : malgré 2 922 mouvements (+0,9 %), le nombre total de passagers a reculé de 5,6 % et le fret s’est effondré (-64,8 %) en raison de l’arrêt des opérations internationales. ADC estime que ces infrastructures « demeurent essentielles pour la connectivité nationale, mais nécessitent une réflexion stratégique sur leur intégration logistique et internationale ».
Au-delà des chiffres
Ce rapport illustre un double défi pour le transport aérien camerounais. D’un côté, la montée en puissance des liaisons internationales et intercontinentales confirme le rôle du pays comme porte d’entrée stratégique en Afrique centrale, capable de capter des flux régionaux et mondiaux en croissance. De l’autre, l’affaiblissement du trafic domestique, aggravé par les difficultés chroniques de Camair-Co, rappelle l’urgence de repenser l’offre intérieure pour garantir la continuité territoriale.
Si Douala et Yaoundé-Nsimalen consolident leur positionnement de hubs, la marginalisation progressive des aéroports secondaires risque d’accentuer les inégalités d’accessibilité et de freiner l’intégration économique nationale. La véritable équation pour ADC reste donc de concilier ouverture internationale et cohésion interne, en orientant ses investissements non seulement vers le développement des grandes plateformes, mais aussi vers une meilleure valorisation du réseau secondaire.